Confiance prédictive vs. Confiance normative
Selon Locke, la confiance est le lien de la société (vinculum societatis). Dans le monde économique, nous pouvons dire que pratiquement toute transaction commerciale, et plus encore, toute transaction qui se prolonge dans le temps, contient un élément de confiance. Martin Hollis distingue deux formes de confiance, "prédictive" et "normative", selon que l'on attend ou que l'on s'attend à quelque chose. Par exemple, dans le premier cas, je fais confiance à mon pommier car je prévois qu'il produira des pommes et non des prunes. Dans le second cas, non seulement, je prédis que vous me rendrez le livre que je vous ai prêté mais encore j'ai le droit de recevoir ce livre en retour et vous êtes en faute si vous ne me le rendez pas. Les obligations "normatives" ont donc une saveur morale (tu dois, tu devrais, on attend que tu ...) que n'ont pas les simples prédictions.
Si la confiance basée sur la prédiction "pure" est suffisante pour une simple coordination car le comportement de l'autre est uniquement guidé par la rationalité, la prédiction "normative" détient la clé de l'énigme de la confiance. La première me force à vous faire confiance alors que la seconde me donne le droit à votre confiance.