2004-06-17

Le Vatican publie le dossier noir de l'Inquisition

Le document de 783 pages retrace l'histoire de ce chapitre douloureux, qui court du XIIIe au XIXe siècle. L'Inquisition naît de cette traque de l'hérésie qui obsède la chrétienté médiévale. Sous le pape Grégoire IX, en 1233, elle devient institution permanente, sous la forme de tribunaux confiés à des religieux dominicains et franciscains qui siègent dans les couvents et les palais épiscopaux.

Après un "temps de grâce" permettant au suspect d'abjurer, l'aveu est obtenu par la torture. Les condamnations, prononcées lors de cérémonies publiques, comprennent la prison ou le port de croix jaunes sur les vêtements, le pèlerinage obligatoire - dont la longueur est proportionnée à la "faute" -, la flagellation ou la confiscation des biens. L'hérétique qui refuse de se repentir, ou le récidiviste, est condamné à mort, puis livré à la "peine de feu", le bûcher.

Un inquisiteur général est nommé, le célèbre Thomas de Torquemada, prieur du couvent de Ségovie, qui enverra 2 000 personnes à la mort en quinze ans de procès, au rythme de 6 000 par an. Parmi les plus célèbres victimes de l'Inquisition figurent Giordano Bruno (1548-1600), partisan des thèses de Copernic, brûlé à Rome, et Jérôme Savonarole (1452-1498), qui périt sur un bûcher à Florence.

Sous la poussée des idées libérales, les tribunaux de l'Inquisition ont été abolis en Espagne en 1832. Mais, au Vatican, la congrégation de la Sainte Inquisition a siégé jusqu'en... 1908, transformée en Saint-Office, également de sinistre mémoire, avant de devenir la Congrégation pour la doctrine de la foi.

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